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Citations extraites de L'Homme et la Terre
Le citoyen, aujourd'hui opprimé, demain libre. C'est à lui qu'il faut s'adresser pour fonder la république sur sa véritable base; c'est lui qui est empereur et pape,...c'est lui qui doit former des groupes avec ses frères de la manière qui lui paraîtra la meilleure. Quelle sera la base de la société nouvelle? Ce sera l'association.
En supprimant l'État, nous supprimons aussi toute morale officielle, sachant d'avance qu'il ne peut y avoir de moralité dans l'obéissance à des lois incomprises.
Il n'y a de morale que dans la liberté.
Le suffrage universel " a accru cette hideuse classe des politiqueurs, qui se font un métier de vivre de leur parole, courtisant d'abord les électeurs, puis quand ils sont en place, se tournant vers les puissants,...mendiant les places, les sinécures et les pensions. "
Sans doute le suicide est rare parmi les jeunes, mais la façon de penser qui le justifie n'est que trop commune, et du reste, il y a mille manières de se laisser mourir sans la grossière mise en scène du sang répandu. Le plus commode est de renoncer à la volonté de savoir, à l'âpre curiosité de sonder l'inconnu : on s'abandonne au flot comme une épave ; on prend les opinions toutes faites et on les répète par habitude ... C'est la vraie mort : que l'autre soit prompte ou lente à venir, elle ne fait que coucher dans le cercueil un objet qui depuis longtemps était cadavre.
Je me demande pourquoi nous parlons des États- Unis d'Europe. Les Américains, les Chinois et les habitants des îles du Pacifique sont aussi nos frères et ce que nous voulons fonder c'est la République fédérale de la terre entière.
Toutes ces frontières ne sont que des lignes artificielles imposées par la violence, la guerre, l'astuce des rois et sanctionnée parla couardise des peuples.
On en voit qui mettent leur orgueil à se sentir blasés, comme si l'impuissance d'admirer, de jouir et d'être heureux constituait un grand mérite.
" Soyez des hommes, " clament les maîtres, lors des distributions de prix ! Il vous faudrait comprendre à demi-mot : " Assouplissez-vous ! Courbez l'échine ! Apprenez à ramper ! "
De par le fonctionnement social, les étudiants savent d'avance qu'ils battront monnaie avec leurs diplômes : " La Science est de l'Argent ! " peuvent-ils dire en secret. C'est dans leurs rangs que se recrutent les classes dirigeantes, qui sont aussi les classes argentées.
Même dans les sanctuaires de la science, on pourrait lire ces deux mots que Lamartine disait ignobles : " Acheter et vendre ! " Sans doute l'état social reposant sur la propriété privée comme sur une pierre angulaire, il nous est impossible de ne pas subir de continuels marchés, condition même de la vie matérielle ; mais ces marchés, il importe d'en comprendre la honte et d'en préparer le terme, chacun dans la mesure de sa force, en travaillant à un renouveau social où les fruits du labeur commun appartiendront à tous sans marchandage préliminaire.
Que penser du médecin qui tient une vie d'homme au bout de son scalpel et qui commence par tendre la main pour que le patient y mette une pièce d'or ?
Considéré comme simple possesseur de ses bras, l'homme est lui-même une marchandise, ni plus ni moins que les produits de son labeur. Les industries de tous les pays, entraînées de plus en plus dans la lutte de la concurrence vitale, veulent produire à bon marchée en achetant au plus bas prix la matière première et les bras qui la transformeront.
Vue de haut, dans ses rapports avec l'Homme, la Géographie n'est autre chose que l'Histoire dans l'espace, de même que l'Histoire est la Géographie dans le temps. Ne peut-on pas dire également que l'Homme est la Nature prenant conscience d'elle-même?
La révolution dite de 1789 n'avait pas eu d'autre idéal que le triomphe du tiers-état, c'est-à-dire celui de la bourgeoisie, et l'œuvre, dans son ensemble, était due aux propriétaires du sol et des maisons, aux industriels, aux commerçants...Le peuple n'avait eu qu'à servir de comparse, il avait apporté ses instincts de foule, ses enthousiasmes, ses colères.
En 1848, c'est l'ouvrier, c'est le travailleur qui est l'auteur principal de la révolution. Il ne connaît pas le mot de " socialisme " qui est d'invention récente, ...mais il le fait entrer dans l'histoire.
La Terre devrait être soignée comme un grand corps, dont la respiration accomplie par les forêts se réglerait conformément à une méthode scientifique ; elle a ses poumons que les hommes devraient respecter puisque leur propre hygiène en dépend.
Gravure de DELOCHE illustrant la première page de L'Homme et la Terre,
édition du 25 octobre 1905
Un fait capital domine toute la civilisation moderne, le fait que la propriété d'un seul peut s'accroître indéfiniment, et même, en vertu du consentement presque universel, embrasser le monde entier. Le pouvoir des rois et des empereurs est limité, celui de la richesse ne l'est point. Le dollar est le maître des maîtres : c'est par sa vertu, avant toute autre raison, que les hommes sont répartis diversement sur la face de la Terre, distribués ça et là dans les villes et les campagnes, dans les champs, les ateliers et les usines, qu'ils sont menés et malmenés de travail en travail, comme le galet de grève en grève.
Le sol de Londres, la cité mondiale, appartient à un petit nombre de ducs et barons qui emploient chacun tout un ministère de receveurs et d'huissiers pour la perception de leurs loyers toujours grandissants. C'est ce régime que l'aristocratie dominatrice de l'Angleterre voulait appliquer à son profit dans tout l'empire colonial en des proportions encore plus monstrueuses que dans la mère patrie.
Le manifeste des ouvriers internationaux (Londres 1864) retentissait comme un cri de guerre contre tous les gouvernements, mais, par delà ceux-ci, il s'adressait fraternellement à tous les hommes envers lesquels " La vérité, la justice, la morale devaient être la ligne de conduite sans distinction de couleur, de foi ni de nationalités. Pas de devoirs sans droits, pas de droits sans devoirs ! "
Peut-être y avait-il un mot de trop dans cette proclamation des ouvriers associés, le mot de " foi ", car l'homme qui croit à un pouvoir surnaturel et se conforme aveuglément aux ordres qu'il suppose lui être envoyés du ciel ne peut avoir aucune compréhension de la liberté...
On peut affirmer que la Terre produit assez pour tout le monde et que chacun peut manger à sa faim. Ce n'est pas le sol qui n'a jamais refusé la nourriture à l'homme ; c'est l'appropriation capitaliste des terres cultivables qui empêche l'homme de s'en servir.
...Et pourtant, la table n'est pas servie pour tous au banquet de la vie ! Il y a des faméliques, et même, ils sont nombreux ; en outre l'avenir n'est pas sûr pour les fortunés et, parmi ceux qui mangent d'ordinaire à leur faim, il y a des millions et des millions d'individus qui regardent devant eux avec effroi, mangeant aujourd' hui dans l'appréhension de ne pas avoir à manger demain.
Quelle misérable besogne que celle où les maîtres divisent l'ouvrage sans estimer... les ouvriers, où les contre maîtres brutalisent et trompent le travailleur, où celui-ci, n'ayant d'autre objectif que sa paie, ahane sans goût et sans amour. C'est ainsi que l'on arrive à édifier des constructions inutilisables ou meurtrières, à fabriquer des ponts de mauvaise qualité et de mauvaise facture, que les vent des tempêtes emporte comme une toile déchirée.
Le petit commerce suit une évolution parallèle à la petite agriculture et à la petite industrie. Il est évident que, dans l'évolution contemporaine, le trafic individuel avec ses boutiques, ses échoppes, ses caves, ses transactions effectuées en liards et en sous, est absolument condamné.
Pour un avantage particulier, on va jusqu'à désirer un désastre public ; tel médecin, tel fossoyeur souhaite des épidémies au risque d'être emporté lui-même par le fléau ; le militaire veut les batailles où la mort l'attend peut-être... et le marchand d'alcool encourage l'ivresse.
La religion interdit à l'homme de toucher au fruit de l'arbre de la Science, trop savoureux pour nous, et maintenant, à son tour, la Science révèle que les fruits de la religion ne nourrissent pas l'homme.
Les religions sont retardataires dans leur évolution. Obligées de s'en tenir aux anciennes formules pour justifier leur prétention à l'infaillibilité, se laissant toujours devancer par les conquêtes de la Science, elles sont fatalement vouées à combattre tout d'abord ce que, cent ans plus tard, elles seront forcées d'admettre tacitement, ou même de prêcher.
Le maintien des privilège s'allie si bien avec le maintien des vieux dogmes que, d'instinct, tous ceux que menacent les progrès de la raison dans les mouvements populaires vont se mettre à l'abri dans les cohortes religieuses.
Quand une classe est pénétrées des sentiments de sa disparition inévitable et prochaine,... elle se rejette désespérée vers quelque divinité salvatrice, vers un fétiche, vers un rameau bénit ; le premier sorcier venu qui lui prêche le salut ou la rédemption l'attire pour un instant.
Le vice capital des écoles est celui de toutes les institutions humaines, le caractère d'infaillibilité que s'attribuent volontiers les professeurs.
Les professeurs, choisis pour les écoles primaires, en vue d' " instituer " des hommes et des femmes, devraient être les meilleurs, à la fois les plus sérieux et les plus doux, afin que les jeunes prospèrent à côté d'eux en santé physique et morale.
L'instituteur n'a plus la foi, et, forcé, suivant l'expression consacrée, de " chasser Dieu de l'école ", il continue à se plier aux méthodes inspirées par le dogme catholique et monarchique... Se servant des mêmes procédés d'instruction et de prétendue moralisation, il remplace Dieu par un autre Dieu, la Loi ou la Patrie que représentent le drapeau et autres symboles. Si cette nouvelle divinité devait être prise au sérieux par les enfants, leur horizon moral serait singulièrement rétréci, car la patrie n'est qu'un étroit lambeau de terre, considérée généralement comme entourée d'ennemis, tandis que l'idée de Dieu répondait pour les âmes douces et simples à une justice de l'au-delà.
Influence absolument prépondérante de la presse - Quels que soient la vulgarité, la banalité, le désir de scandale, le patriotisme hypocrite de la plupart des feuilles quotidiennes et des revues périodiques, il est de toute certitude qu'elles élargiront l'espace intellectuel autour des lecteurs : elles l'arracheront à l'étroite commune, aux murs de la cité primitive.
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